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Interviews

"Le pouvoir de vivre va de pair avec le pouvoir d’agir"

Publié le 3 mars 2022, mis à jour le 11 avril 2022
"Le pouvoir de vivre va de pair avec le pouvoir d’agir"

Claude Grivel est président de l’Union Nationale des Acteurs du Développement Local. L’UNADEL a été créée il y a 30 ans pour mettre en réseau tous ceux qui agissent et innovent dans les territoires locaux, urbains ou ruraux : citoyens, associations, acteurs économiques, culturels, de la formation et de l’éducation populaire, membres des conseils de développement, élus des communes, intercommunalités, pays et autres pôles territoriaux, départements, régions.

Pourquoi avons-nous besoin que le pacte du pouvoir de vivre parte en campagne ?

Parce que le moment est venu pour la société civile de s’organiser mieux pour peser davantage. S’organiser mieux suppose de mieux se connaître et de sortir de son silo pour avoir une vision plus globale et plurielle de la société dans laquelle nous vivons.
Il y a une aspiration forte de nos concitoyens et des territoires à agir sans subir. Pour autant leur avis est peu pris en compte. La société civile a le devoir de faciliter la coconstruction des solutions communes dans un dialogue constant avec les citoyens, leurs organisations et les institutions.
Il nous faut pouvoir construire ensemble des territoires capables de mieux prendre en compte demain, au niveau local, national et mondial un développement humain durable, dans des territoires de vie désirables. Un partage plus équitable des richesses doit servir prioritairement à lutter contre le réchauffement climatique tout en réduisant les inégalités sociales et environnementales.

Cela passe par une volonté politique de tous les pouvoirs de s’engager, y compris localement, dans un processus de construction des transitions écologiques, économiques, culturelles, numériques et démocratiques qui associe le plus grand nombre. Les besoins d’ici ne peuvent être satisfaits en pillant les ressources d’ailleurs et l’enrichissement des plus riches, y compris en période de crise est indécent quand de plus en plus de personnes basculent dans la grande pauvreté.

Nous devons donc peser ensemble sur les politiques publiques et mesurer leur impact immédiat et à plus long terme sur chacun de nous. Nous ne pouvons pas admettre que certaines catégories de population, ici ou ailleurs soient sacrifiées sur l’autel de la compétition, alors que le bonheur de chacun passe par le développement des coopérations.

Coopérer c’est d’abord se connaitre, se respecter, pour mieux vivre et agir ensemble. Le Pacte du Pouvoir de Vivre a relevé ce défi et porte un autre discours que celui de la haine et de la stigmatisation.

Pour faire le pas de côté nécessaire et redonner vigueur et sens au projet politique, il faut sortir des chapelles et de l’entre soi.

Claude Grivel, Président de l'UNADEL

Pour quelles raisons êtes-vous membres du Pacte du Pouvoir de Vivre ?

Les transitions sont désormais affichées dans la majorité des projets politiques. Mais tous ne remettent pas en cause les modèles économiques et de gouvernance qui ont provoqué plus d’inégalités sociales et contribué de manière quasi irréversible au réchauffement climatique.
La lecture du fonctionnement du monde doit croiser la connaissance et l’expérience des territoires locaux. Pour faire le pas de côté nécessaire et redonner vigueur et sens au projet politique, il faut sortir des chapelles et de l’entre soi.

L’alliance construite autour du Pacte du Pouvoir de Vivre a permis de faire émerger 66 propositions d’abord, et d’en préciser 90 aujourd’hui, dans le contexte électoral en cours.

Le travail engagé doit se poursuivre, notamment pour faciliter une véritable transition de notre modèle démocratique particulièrement mis à mal au cours des dernières années. La place des corps intermédiaires, des citoyens et des territoires, comme la réhabilitation du politique, passent par une incitation plus forte à l’engagement mais aussi par une sensibilisation déterminante aux valeurs auxquelles nous pouvons collectivement tenir. La lutte contre le réchauffement climatique et contre les inégalités sociales, doit donner à notre pays l’occasion de construire en Europe un projet de société dont l’ambition doit se décliner à toutes les échelles de territoire, dans le respect de l’acceptabilité de tous et des différences.

Les transitions territoriales sont à la fois un défi et une opportunité pour les acteurs du développement territorial. Sensibilisés par les écoutes réalisées par l’Unadel dans les territoires locaux et par l’évolution des métiers de l’animation des territoires (ce que nous appelons aujourd’hui l’ingénierie systémique de la transformations sociale et écologique des territoires), nous avons besoin de croiser nos regards avec la mutualité, les acteurs du logement et de la solidarités, les syndicalistes, les organisations environnementales et celles qui œuvrent avec les plus pauvres pour trouver ensemble les solutions à construire avec les personnes et avec les pouvoirs publics.

Le "pouvoir de vivre" pour vous c'est quoi ?

Le pouvoir de vivre va de pair avec le pouvoir d’agir. C’est l’accès aux droits fondamentaux pour tous : accès au logement, à la santé, au travail, à la dignité et au respect des autres, le droit de fonder une famille, de payer des impôts et de participer à la vie de son quartier, de sa ville, de son entreprise, de donner son avis, de contribuer au bien commun, de décider de son avenir. C’est aussi le pouvoir de choisir, son métier, ses loisirs, sa destinée en ayant les moyens de remplir ses devoirs de citoyen dans une appartenance à un collectif, une communauté et un territoire de vie. Le pouvoir de vivre de chacun, c’est l’accès à l’autonomie plutôt que l’assistanat subi, c’est pouvoir vivre et faire société avec les autres, habiter son territoire et contribuer à lui donner aussi du pouvoir d’agir dans son environnement en tissant des liens de coopération avec les autres. C’est habiter son quartier comme la planète monde, c’est relier et donner sens et priorité au vivant, humain, animal et végétal.