Actus nationales

Budget 2025 : des incohérences et des insuffisances aux lourdes conséquences sociales et environnementales

Présenté à l’Assemblée nationale ce lundi 3 février après-midi, le budget a connu quelques évolutions depuis sa version initiale avec notamment une hausse du Fonds vert et le maintien des 4000 postes d’enseignants. Mais pour le Pacte du pouvoir de vivre, il se caractérise surtout par de grandes insuffisances tant pour assurer les transformations sociales et environnementales nécessaires qu’en termes de justice fiscale.   

S’agissant des dépenses, les coupes opérées et les choix d’allocation du budget inquiètent quant à la capacité de la France à préparer l’avenir des citoyen·nes.

Nos organisations notent que le budget de l’écologie est rehaussé de 300 millions d’euros par rapport à la version du Sénat, notamment pour le Fonds vert qui finance la transition écologique des communes. Mais cet effort est insuffisant : il reste amputé de près de 2 milliards d'euros par rapport à l’an passé. Cette coupe budgétaire considérable est en contradiction avec les objectifs climatiques du pays qui imposent au contraire d’investir davantage dans la transition écologique juste. 

Le Pacte du pouvoir de vivre s’inquiète également de manquements dans le champ social.

La baisse du budget de l’aide médicale de l'État (AME) de 111 millions d’euros aura tout d’abord des conséquences sur les soins des personnes étrangères qui risquent d’être dégradés. 

En matière de logement, le Pacte du pouvoir de vivre s’alarme du manque de 250 millions d’euros pour atteindre le niveau alloué à l’hébergement d’urgence de l’an passé. Cette somme manquait déjà en 2024, elle avait été accordée dans le courant de l’année mais rien ne garantit qu’il en sera de même en 2025. Ce manque de visibilité n’est pas satisfaisant pour les professionnels du secteur plongés dans l’incertitude et pourrait avoir des conséquences délétères pour les bénéficiaires. Rappelons que la demande reste forte est qu’une personne qui ne peut accéder à un hébergement d’urgence a de fortes probabilités de dormir dans la rue. 

Enfin, l’éducation est une priorité pour le Pacte du pouvoir de vivre qui prend acte du maintien des 4000 postes d’enseignants. Nous regrettons toutefois que ce maintien soit acté sans les financements nécessaires : les 50 millions d’euros seront retirés ailleurs dans le budget déjà contraint de l’Education nationale.

Plutôt que de réduire les dépenses visant à améliorer la vie des gens, la transition écologique juste ou le secteur associatif et culturel (services civiques, pass culture...), le gouvernement et les parlementaires pourraient utilement s’attaquer à celles néfastes à l’environnement et à celles dont les bénéfices pour la société ne sont pas avérés comme le crédit impôt recherche dont les dérives ont été amplement documentées et qui n'a juste ici été modifié qu'à la marge. 

Notre pays a besoin de plus de justice fiscale

Dans ses travaux publiés en octobre 2024, le Pacte du pouvoir de vivre montre qu’il existe des marges de manœuvre budgétaires qui permettraient de financer correctement notre modèle social et la transition écologique.

  Si certains leviers de justice fiscale  ont été activés,  nous déplorons qu’ils aient été minimisés dans le texte de la CMP comme par exemple :

  •  La surtaxe sur les grandes entreprises, à partir d’un milliard de chiffres d’affaires, a été réduite à un an au lieu de deux. Cela représente 4 milliards d’euros en moins pour les finances publiques.

  • La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus est maintenue mais elle est également temporaire. Elle instaure un impôt minimum de 20% sur les hauts revenus (250 000 euros pour une personne seule, 500 000 euros pour un couple) et devrait rapporter 2 milliards d’euros en 2025.

Compte tenu des inégalités qui ne cessent de s’aggraver, comme le souligne Bercy lui-même dans une note publiée fin janvier, et des besoins de financement du pays, le Pacte du pouvoir de vivre appelle à mettre en place des mesures de justice fiscale pérennes. 

Nous, associations, fondations, syndicats, mutuelles du Pacte du pouvoir de vivre, resterons pleinement mobilisés sur ces enjeux qui sont la clé d’une transition sociale et environnementale juste.