Le sondage IPSOS-PPV, réalisé dans le cadre des élections européennes, montre que les Français.es se projettent dans le projet de société du Pacte du pouvoir de vivre, et considèrent le sujet de la lutte contre la pauvreté comme sujet majeur pour les prochaines années.
En matière d’énergie, l’Union européenne est face à un triple défi : atténuer ses émissions de gaz à effet de serre, tendre vers l’indépendance énergétique et maintenir un prix de l’énergie accessible pour les Européen.nes.
Pour cela, le Pacte du pouvoir de vivre préconise que les Etats membres intègrent les enjeux de sobriété dans toutes les politiques publiques et déploient massivement les énergies renouvelables pour atteindre 50% d’énergie renouvelable d’ici 2030.
88% des Français.es le souhaitent également, mais 62% considèrent que ce n’est pas réaliste.
Bastien CUQ, responsable Energie au Réseau Action Climat, nous apporte son éclairage sur ces chiffres et cette proposition du Pacte.
Que t’inspire ce chiffre ?
Le soutien unanime à cette proposition est très encourageant ! Il va directement à l'encontre des idées reçues que l'on entend trop souvent dans le débat public. C'est désormais un fait bien établi : les françaises et les français veulent des énergies renouvelables, ils veulent des ambitions fortes.
En revanche, le scepticisme majoritaire face à cette mesure témoigne d'une lucidité sur le niveau d'ambition modéré du gouvernement. Sans nouvelles mesures pour favoriser l'essor des énergies renouvelables, et sans lever les nombreux freins qui pèsent sur elles aujourd'hui, il est difficile de penser atteindre les 50% en 2030.
Comment expliques-tu ce scepticisme ?
On peut tout à fait comprendre les Françaises et les Français qui expriment leurs doutes sur la possibilité d'atteindre 50% d'énergies renouvelables en 2030, surtout alors que la France est moins bonne que ses voisins en la matière. Déployer les énergies renouvelables ne se fait pas en un claquement de doigts et a besoin de soutien politique, national comme local, et adminstratif.
Mais les énergies renouvelables sont la façon d'éliminer les 60% d'énergie fossile, gaz et pétrole en tête, dont la France dépend encore aujourd'hui.
A mes yeux, cette mesure est réaliste, au sens où elle est le seul moyen de respecter nos engagements climatiques, et de montrer l'exemple à l'international.
Comment peut-on mettre en œuvre cette proposition ?
Pour que la moitié de notre énergie soit produite par des énergies renouvelables, la première des choses à faire est de réduire la quantité totale d'énergie dont nous avons besoin. Cela passe par l'efficacité énergétique, par exemple l'amélioration des systèmes de chauffage, le passage à la mobilité électrique, ou encore l'isolation des bâtiments. Mais cela passe aussi par des mesures de sobriété, aujourd'hui très peu soutenues. On pense au développement du train, à la réduction du nombre et du poids des véhicules en ville, mais aussi à la lutte contre la surconsommation et pour la durabilité des objets.
Ensuite, il faut permettre un essor harmonieux des filières d'énergie renouvelable en France. En particulier, il est urgent de combattre activement les mensonges répétés sur l'éolien terrestre, et de réaffirmer le soutien de la France à cette énergie cruciale. On peut encore citer le solaire en toiture, dont le déploiement pourrait être largement accéléré. Le biométhane doit remplacer le gaz fossile au plus vite, dans la limite d'une gestion durable des exploitations agricoles.