Pour permettre de faire émerger de véritables réponses et obtenir des résultats concrets au service de nos concitoyens, il devient urgent de redéfinir clairement les fondements, les objectifs et l’organisation du CNR. Il en va de sa raison d’être.
Un manque de pilotage, de méthode et de cadre général
Nous sommes entrés dans une décennie décisive pour sortir des crises qui se multiplient et s’accélèrent. Nos concitoyens sont en quête de sens, de cap et d’action. Redonner à chacun le pouvoir de vivre et d’agir est le levier clé de la transition écologique et sociale.
C’est aussi un enjeu démocratique majeur auquel le CNR avait vocation à contribuer. Cette ambition pâtit aujourd’hui d’un manque de pilotage, de méthode et de cadre général. D’un ministère à l’autre, les initiatives les plus diverses prolifèrent, sans lisibilité pour les parties prenantes quant aux objectifs et débouchés. Or la démocratie ne surgit pas de façon spontanée : elle exige un cadre partagé entre acteurs.
ll faut redresser la barre rapidement ! Tel doit être l’enjeu du CNR plénier qui se tient le 12 décembre. C’est le message adressé par le Pacte du pouvoir de vivre au président de la République dans un courrier transmis le 30 novembre.
Pour nos organisations, les CNR doivent :
● Se donner des objectifs communs et partagés face aux grands défis de notre société : lutte contre le changement climatique, préservation de la biodiversité, lutte contre la pauvreté, réduction des inégalités… Dans cette décennie si cruciale, il faut tracer le cap de l’action publique à partir d’une évaluation rigoureuse de l’impact des mesures déjà mises en œuvre ou expérimentées et coordonner l’agenda des différentes réformes.
● Alimenter les stratégies nationales en matière de transition et de planification écologique : il importe de construire collectivement les étapes et les conditions politiques, économiques, sociales et démocratiques de la transition, pour l’ensemble des grands secteurs (transports, logement, agriculture, santé, éducation, industrie…).
L’enjeu est d’identifier des voies de passage qui répondent aux ambitions et objectifs environnementaux, sociaux, économiques, démocratiques. Comment par exemple rendre opérationnelles les ZFE sans paralyser celles et ceux qui n’ont pas d’alternative ni les moyens d’acquérir un nouveau véhicule, souvent les plus précaires ? Comment tenir l’objectif de 100% de véhicules neufs zéro émission de gaz à effet de serre dès 2035 sans sacrifier les travailleurs de l’automobile, en particulier les sous-traitants, ni les ménages à faibles ressources ? Comment mettre en œuvre l’objectif « zéro artificialisation nette » tout en maintenant notre ambition en matière de construction, de montée en puissance du “logement d'abord'' et de “réindustrialisation” ? Seul le dialogue et l’implication de l’ensemble des parties prenantes peut dénouer ces questions - et bien d’autres. Les chemins tracés devront être suivis et évalués tout au long du quinquennat et si besoin ajustés.
● Organiser un espace de dialogue mais aussi de travail : par-delà les échanges entre parties prenantes, le CNR doit être un lieu de travail collectif permettant d’identifier et définir les dispositifs, moyens et financements des politiques publiques co-construites dans le cadre des CNR.
● Donner des perspectives à chacune et chacun : acteurs sociaux et économiques et citoyens doivent pouvoir se projeter à court et moyen termes dans les grandes transitions en cours, en identifiant les jalons intermédiaires (à 2 ans, 5 ans, 10 ans) de chaque trajectoire.
● S’assurer de la participation des personnes les plus pauvres, trop souvent oubliées des politiques publiques - en s’appuyant notamment sur les associations de lutte contre les exclusions - , mesurer toute politique publique à l’aune de leur impact sur les 10% des ménages les plus pauvres et intégrer les enjeux de lutte contre la pauvreté et les inégalités dans l’ensemble des CNR.
● Assurer des processus de concertation (contenus, ordres du jour, participants) et de validation transparents. Lors de la réunion plénière du 12 décembre, le Pacte du pouvoir de vivre exprimera par la voix de son porte-parole Christophe Robert, notre volonté de contribuer à refonder le débat public et démocratique dans le but d’apporter des solutions opérantes aux enjeux écologiques et sociaux et aux difficultés rencontrées par nos concitoyens. Mais cela ne pourra se faire qu’après un changement de méthode.