Répondre à l’urgence écologique et sociale sans normes, sans fiscalité écologique, sans investissements massifs... Mission impossible !
Le discours de politique générale du 12 juin qui devait présenter l’acte II du quinquennat, ressemble finalement à s’y méprendre à l’acte I. Depuis deux ans, les paroles sont souvent prometteuses ; mais les actions structurantes et ambitieuses continuent de se faire attendre, et les contradictions se multi- plient. En effet, si on ne peut que partager les deux premières priorités citées par le Premier ministre dans son discours : l’environnement et la justice sociale, il reste à voir les actes. Nos organisations jugeront bien évidemment sur pièces l’action du gouvernement. Mais nous craignons, au vu des derniers mois et des annonces faites, que sa vo- lonté d’engager la transition écologique, d’éradi- quer la grande pauvreté, d’endiguer la disparition de la biodiversité et de réduire les inégalités ait très peu de chance de voir le jour si le gouverne- ment n’actionne pas les leviers nécessaires.
En effet, il sera impossible pour le gouvernement d’engager la transformation de notre société sans activer les trois leviers principaux des politiques publiques que sont :
1/ l’investissement,
2/ la fiscalité,
3/ la norme.
Et aucun de ces leviers n’a aujourd’hui la faveur du gouvernement.
D’abord le respect de la règle des 3 % reste une priorité absolue pour Édouard Philippe. Ceci rend impossible la mise en place d’un grand plan d’in- vestissement pourtant si nécessaire : 55 à 85 mil- liards d’euros sont par exemple nécessaires pour engager la transition écologique.
De même le Premier ministre s’est clairement ex- primé plusieurs fois contre l’augmentation de la fiscalité alors que c’est un moyen incitatif fort pour encourager les bonnes pratiques et comportements et décourager celles qui doivent disparaître. Ados- sée à un revenu climat, une fiscalité écologique peut par ailleurs inciter les ménages à s’engager dans la transition sans les mettre en difficulté. Enfin, à de nombreuses reprises le Premier ministre s’est prononcé contre toute sur-transposition des directives européennes, refusant donc d’interdire ou d’obliger par la loi ou par décret.
Ainsi de quelles marges de manœuvres collectives dispose-t-on ? Où sont les espaces pour passer des mots aux actes ? Quelle ambition donner alors à la transition écologique et la justice sociale qu’Édouard Philippe a appelée de ses vœux le 12 juin ?