Vendredi 29 septembre 2023, le Pacte du Pouvoir de Vivre de la Marne a organisé une soirée-débat à Reims sur le thème « La République contre les corps intermédiaires ? ». L'événement a réuni des citoyens et des spécialistes autour de Chloé Gaboriaux, maîtresse de conférence en sciences politiques à l'IEP de Lyon, pour analyser la place des corps intermédiaires dans l'histoire de la République française, depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui.
L’échange a abordé la relation complexe entre la République et les corps intermédiaires, ces organisations et groupes sociaux qui relaient les intérêts des citoyens dans le débat public et auprès des instances politiques. Chloé Gaboriaux a rappelé qu’à la naissance de la République, les corps intermédiaires étaient perçus avec méfiance. En 1791, Isaac Le Chapelier, juriste et homme politique, exprimait cette crainte dans une loi visant à interdire toute organisation susceptible, selon lui, de diviser les citoyens en groupes distincts et de les détourner de l’intérêt général. Les premiers républicains voyaient en effet ces corps intermédiaires comme une menace pour l’unité de la chose publique et pour la cohésion sociale.
Évolution sous la IIIe République
La soirée a permis de retracer le tournant opéré à la fin du XIXᵉ siècle, lorsque la IIIᵉ République renverse cette approche. Les syndicats, les associations, et les sociétés de secours mutuels, loin d’être perçus comme des dangers, deviennent alors des piliers de l’édifice républicain. La IIIᵉ République leur reconnaît un rôle fondamental dans la société, en les intégrant au processus de construction de l’intérêt général. Ces corps intermédiaires deviennent des acteurs clés, non seulement pour défendre les droits des citoyens mais aussi pour participer activement à la mise en œuvre des services publics.
« Les corps intermédiaires sont devenus des coproducteurs de l’intérêt général », a souligné Chloé Gaboriaux, mettant en évidence comment ces institutions ont contribué à structurer le dialogue social et à ancrer la démocratie dans la vie quotidienne des citoyens. Cependant, cet héritage est aujourd’hui partiellement occulté, et la soirée s’est aussi penchée sur les raisons de cet effacement et les freins qu’il impose au renouveau du rôle de ces organisations dans notre société contemporaine.
Chloé Gaboriaux : un éclairage d'experte
L’analyse proposée par Chloé Gaboriaux, directrice de la revue Mots. Les langages du politique et trésorière de la Société d’Étude des Langages du Politique, a offert un éclairage précieux sur l’évolution du rôle des corps intermédiaires dans la République. Sa perspective, issue de ses travaux à l’Institut d’Études Politiques de Lyon et du laboratoire Triangle, a permis aux participants de prendre du recul sur l’importance de ces structures, souvent sous-estimée, dans la préservation de la démocratie.
Cette soirée-débat a ainsi permis d’ouvrir la réflexion sur le rôle que ces corps intermédiaires pourraient jouer pour soutenir une République plus participative et inclusive. Une question cruciale à l’heure où la défiance envers les institutions s’accroît et où la voix des citoyens semble parfois étouffée dans un contexte de centralisation du pouvoir.
Cette initiative est une main tendue aux acteurs politiques de la Marne pour œuvrer ensemble dans l’intérêt de la société civile et les personnes qui la composent.
A l’origine de cette initiative, nous retrouvons ATD Quart Monde, CFDT, France Nature Environnement, La Ligue de l’Enseignement, Reims Verts l’Avenir.
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