Bilan des politiques publiques en 2023 : Un pouvoir de vivre en berne pour des millions de citoyens 

Le pouvoir de vivre des citoyennes et des citoyens s’est-il amélioré en 2023 ? Pas pour celles et ceux qui en ont le plus besoin.

©VuThéaraKham

Réforme des retraites, loi “plein emploi”, assurance chômage, crise du logement, projet de loi immigration, inflation, augmentation des coûts de l'énergie… de nombreuses lois, décisions politiques ou réalités socioéconomiques ont durci le quotidien de millions de personnes, creusé les inégalités ou contribué à stigmatiser les personnes les plus précaires. Le tout sur fond d’une crise démocratique latente dont on a pu mesurer la profondeur depuis le début de ce nouveau quinquennat.

La démarche de planification écologique engagée par le gouvernement offre quant à elle des signaux qu'il faut amplifier, tant sur l’ambition que sur le volet social, pour garantir la mise en œuvre d’une transition écologique juste. Par ailleurs, la faible considération de l’exécutif à l’égard de la société civile organisée suscite une forte incompréhension de la part des millions de personnes qui s’engagent au quotidien. Pour autant, la société civile ne cède pas au renoncement ni au repli. Pour le Pacte du Pouvoir de Vivre, 2024 sera au contraire l’année de l’engagement, celle visant à donner autant que possible à chacun le pouvoir de vivre et d’agir.

Un pouvoir de vivre en berne pour des millions de citoyens

Depuis le covid et le retour de l’inflation, la pauvreté s'intensifie dans notre pays : plus de 9 millions de personnes sont concernées pendant que des millions d’autres vivent dans la peur de basculer. La pauvreté concerne aussi de nombreuses personnes en emploi : 7,4 % d’entre elles étaient pauvres en 2021. En parallèle, les désordres climatiques se font de plus en plus intenses et fréquents. Là encore ce sont les plus modestes qui paient le plus lourd tribut.

Dans ce contexte, le Pacte du Pouvoir de vivre souligne pour 2023 des signaux intéressants dans le prolongement de la planification écologique, avec des financements en hausse sur la rénovation thermique des logements, la mobilité ou la biodiversité par exemple; des signaux qu’il faut amplifier et étendre dans de nombreux secteurs pour tenir le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Mais nos organisations pointent également une addition de lois et de réformes qui accentuent les inégalités et pénalisent durement une partie de nos concitoyens les plus fragiles : 

  • une loi “plein emploi” qui conditionne le RSA et stigmatise les plus pauvres, rendant leur quotidien encore plus difficile;

  • des réponses insuffisantes face à la crise du logement qui touche de plein fouet les ménages à faibles ressources et les plus précaires, avec des situations catastrophiques: 3000 enfants, dont les familles appellent le 115 chaque soir, ne se voient proposer aucune solution d’hébergement, soit près de 40% de plus qu’il y a un an. Malgré cela,  les APL ont continué à perdre de leur efficacité et la production de logements sociaux est en panne; 

  • une réforme des retraites qui pénalise les travailleurs essentiels; 

  • une loi immigration qui, outre les débats honteux au Sénat, risque de rendre la vie en France des personnes étrangères encore plus difficile;

  • des décisions stigmatisantes et avant tout sécuritaires prises dans le prolongement des violences urbaines qui ont succédé à la mort de Nahel;

  • un projet de nouveau durcissement de l’accès à l’assurance chômage pour les seniors, après deux réformes qui ont déjà fortement affaibli les protections.

Une crise démocratique qui freine les transformations

La crise démocratique s’est amplifiée en 2023 alors même que les citoyens se sont fortement mobilisés et que nous avons plus que jamais besoin de vitalité démocratique pour embarquer un maximum de monde dans les transformations profondes de la société. 

Le Pacte du pouvoir de vivre fait le constat que l’exécutif n’a pas vraiment changé de méthode et que le travail, pourtant nécessaire, avec la société civile, sur le temps long, reste rare et difficile : 

  • une mobilisation historique contre la réforme des retraites qui n’a pas été entendue;

  • un Conseil National de la Refondation qui n’a pas produit la dynamique annoncée;

  • des corps intermédiaires rarement considérés à leur juste place dans la construction des politiques publiques : loi immigration, préparation de la loi d’orientation agricole, etc;

  • des libertés associatives de plus en plus menacées.

En 2024, poursuivre notre engagement avec les citoyens

Chaque jour, au plus près des citoyens, nos organisations jouent un rôle d’amortisseur social, d’alerte écologique, de propositions concrètes dans de nombreux domaines. Elles forment un maillage territorial de solidarités et d’initiatives qui démontrent que mettre en œuvre la transition écologique, lutter contre les exclusions et les inégalités et faire vivre la démocratie est possible.

Le sens des responsabilités et les profondes crises auxquelles nous sommes confrontées  nous imposent de poursuivre notre engagement avec les citoyens, les collectivités, et tous les acteurs qui font avancer la justice écologique et sociale. Pour ces mêmes raisons, nous appelons l’exécutif à faire évoluer sa conception de l’exercice du pouvoir, notamment en associant davantage les corps intermédiaires à l’élaboration des politiques publiques. 

Dans tous les cas, les organisations continueront à apporter des solutions dans le cadre des échéances politiques à venir en 2024 : lois sur le  logement, enjeux du travail, mise en œuvre de la transition écologique, lutte contre le non-recours aux droits, loi d’orientation agricole… 

Parce que nous croyons en la politique comme contribution collective à la vie de la cité, nous la pratiquons ainsi quotidiennement. Autrement. Pour construire brique par brique le rempart face à la société d’exclusion et de haine que tente d’imposer l’extrême-droite dans le débat politique.

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