Manger, se déplacer, se loger… comment concilier pauvreté et planification écologique ? 

Lors de la conférence de presse le 12 avril 2023, Morgane Créach explique pourquoi le Pacte du pouvoir de vivre considère que le compte n'y est pas sur la planification écologique : "il faut planifier, anticiper les mesures mais aussi les moyens financiers de manière à réussir une transition écologique qui soit juste socialement".

Rendre la mobilité durable accessible à tous 

Avec le renchérissement du carburant, des véhicules, de leur entretien... La voiture devient un luxe pour de nombreux ménages. Le Baromètre FNH / Wimoov (2022)1 a ainsi montré que 9 millions de personnes vivent dans une forme de précarité mobilité, liée à la trop forte dépendance à la voiture. Le RAC met également en évidence que le coût de la voiture a bondi de 14 % en cinq ans, passant de 3 680 euros par an en 2017 (soit 306 euros par mois) à 4 210 euros fin 20222.

L’accompagnement de chacun.e à la mobilité durable est essentiel et à ce stade, les mesures mises en œuvre ne permettent pas de prendre en considération les besoins des citoyens, et en particulier les plus modestes. Il y a pourtant un besoin urgent de donner des solutions alternatives, durables, accessibles économiquement.

Les tensions actuelles autour des Zones à faibles émissions illustrent cette nécessité. L’enjeu premier de la mise en place des zones à faibles émissions, ZFE, est la santé publique: en France, 48 000 personnes meurent tous les ans à cause des pollutions aux particules fines.

Il faut agir et vite, d’autant que les plus modestes sont les premiers concernés par ces pollutions et qu’elles permettent, dans le même temps, d’agir pour le climat. Or la mise en place des ZFE nécessite organisation et anticipation, qui ont fait largement défaut jusqu’ici, pour que les plus modestes ne soient pas pénalisés. Continuer d’investir dans les alternatives, ticket mobilité durable, élargissement du malus au poids sont autant de pistes pour rendre les ZFE plus justes.

Une alimentation saine pour tou.te.s dans les cantines 

La filière de la restauration collective n’a pas été épargnée par l’augmentation du prix des denrées alimentaires : l’inflation y est estimée en moyenne à 15%. Conséquence : une baisse de l’approvisionnement en produits biologiques et de nombreux parents qui ont vu le tarif des repas des cantines scolaires de leurs enfants augmenter.

Or, avant même la reprise de l’inflation, la fréquentation des cantines scolaires par les milieux précaires était déjà moins importante que les enfants issus des milieux les plus aisés.

Pourtant, avec 3,8 milliards de repas servis par an, la restauration collective en France pourrait être un formidable levier de la transition des systèmes agricoles et alimentaires et un outil de prévention contre la précarité alimentaire grâce à :

  • La généralisation des mesures de tarification sociale dans la restauration scolaire.

  • Une aide d’urgence de l’Etat pour que les cantines puissent continuer de proposer des produits biologiques aux convives et un soutien à l’investissement pour accompagner la transition des restaurants.

  • La mise en place de menus végétariens, facteur d’inclusivité et de lutte contre le changement climatique.

La rénovation thermique des logements 

En 2022, 700 000 logements ont été rénovés via le dispositif Ma Prime Renov. Mais ces rénovations ne permettent pas de résoudre le triple enjeu - écologique, sanitaire et social - de la précarité énergétique puisqu'elles donnent rarement lieu à des rénovations globales et performantes, seules à même de répondre aux défis.

Le coût d’une rénovation globale est élevé. Les restes à charge peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros :

35% de reste à charge en moyenne pour les ménages "très modestes" selon le barème de l’ANAH, 55 % pour les ménages "modestes".

Alors que la précarité énergétique concerne plus de 12 millions de personnes et, malgré le bouclier mise en œuvre par l’Etat, de 15% tout de même en 2023, il est urgent d’agir au plus vite.

Le Pacte du Pouvoir de Vivre propose d’agir à triple niveau :

  • Déployer des aides à la rénovation plus ciblées et conséquentes pour tendre le plus possible vers un reste à charge nul pour les ménages les plus modestes.

  • Déployer le tiers financement pour faciliter l’accès aux travaux.

  • Augmenter significativement le montant du chèque énergie.

Document - Lutte contre la pauvreté et transition écologique : ambition et cohérence pour donner à chacun le pouvoir de vivre

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